Justine Lanau, arbitre de basket : « Mes années d’arbitrage me permettent de progresser également en tant que femme »

Justine est totalement impliquée dans le basket depuis son plus jeune âge. Agée de 29 ans, elle a commencé à jouer au basket à l’âge de 7 ans, et a découvert l’arbitrage à 17 ans. Actuellement  elle arbitre au plus haut niveau de la ligue féminine.

Que vous inspire le slogan suivant, « l’arbitrage se conjugue au féminin » ?

L’arbitrage n’a pas de genre, de couleurs ou d’âge. Avec du travail, de l’investissement et beaucoup de passion il y a également de la place pour les femmes pour réussir dans cette activité.

Qu’est-ce qui a changé dans les mentalités depuis votre arrivée ?

Les acteurs commencent à s’habituer à voir des femmes arbitrer sur le terrain, ce qui implique qu’il n’y a pas de traitement différent de leur part car cela est rentré dans les mœurs. Et comme dans la société d’un point de vue général, la fédération essaie de faire de la place aux femmes dans cette activité grâce à la féminisation, ce qui nous permet d’avoir plus de place également dans une activité à l’origine beaucoup plus masculine.

Un symbole pour illustrer tout cela a été l’éclosion de plusieurs arbitres féminines sur le Haut Niveau (international (Carole Delauné aux JO de Londres, Amel Dahra en Final 4 d’Euroligue Women) et national (Marion Ortis sur les finales de Betclic ELITE)).

Vous êtes amenée à arbitrer des hommes et des femmes. Qu’est-ce qui est le plus dur ?

Pour moi il n’y a pas de différence. Ce qui est le plus difficile c’est de jongler entre les matchs masculins et les matchs féminins dans le week-end ou d’un week-end à l’autre car les stratégies collectives et l’aspect athlétique sont différents.

Devenir arbitre est-il un moyen de vous accomplir professionnellement et personnellement ?

En effet, devenir arbitre m’a permis de beaucoup évoluer professionnellement et personnellement. L’arbitrage est une école de la vie, on en apprend sur soi et sa personnalité tous les week-ends voire même tous les jours au travers de la préparation des matchs. Être arbitre c’est savoir se remettre en question de façon permanente, c’est savoir s’adapter continuellement, et ce sont deux qualités aujourd’hui qui me permettent de m’épanouir personnellement et professionnellement.

Comment votre passion pour l’arbitrage est-elle née ?

Jusqu’à il y 3 ans j’étais également joueuse de basket sur les niveaux régionaux et j’ai également joué en jeune Championnat de France. A mes 16-17 ans, j’ai voulu essayer de prendre le sifflet car j’étais une jeune fille qui exprimait beaucoup son caractère avec ses coéquipières mais également les arbitres. Cela me prenait beaucoup d’énergie, j’ai donc voulu voir ce que c’était d’arbitrer pour comprendre le jeu et les comportements en étant « de l’autre côté » du sifflet. J’ai commencé à arbitrer 1 match puis 2 puis 3 dans mon club. Puis j’ai arbitré sur un tournoi amical avec des arbitres officiels que mes parents (bénévoles du club organisateur du tournoi) connaissaient et avec qui je m’entendais bien… La passion est venue grâce à ces gens bienveillants qui m’ont encadré pour rendre cette aventure incroyable. D’abord en Gironde et en Aquitaine puis ensuite en Occitanie. Deux régions où je me suis toujours sentie soutenue et épaulée pour continuer à progresser. Aujourd’hui, j’ai du mal à m’en passer… c’est devenu une vraie passion.

Quels conseils donneriez-vous à celles qui n’osent pas franchir le pas et prendre le sifflet ?

N’ayez pas peur de l’erreur ou de l’échec, cela fait partie de l’activité. Un arbitre se trompe comme un joueur, comme un entraîneur. Cela fait partie du jeu. Personnellement à chaque match je me mets dans une bulle pour dans un premier temps ne pas écouter ce qui peut se dire dans l’environnement mais également en me disant que cette bulle m’appartient et c’est à moi de décider ce que je souhaite tolérer à l’intérieur de cette bulle. C’est une image simple mais elle m’a permis de me forger mon propre caractère et d’avoir une certaine relation avec les acteurs. Certains l’acceptent, d’autres non mais c’est aujourd’hui ce qui fait ma personnalité sur un terrain et c’est ce qui me permet de mieux accepter l’erreur ou l’échec.

En quoi est-il important de s’engager dans la durée quand on est arbitre ?

C’est une activité qui demande beaucoup d’investissement, de temps et de travail. Plus on décide de s’engager dans la durée plus cet investissement, ce temps passé et ce travail effectué sont récompensés. C’est ma dixième saison, j’ai fait beaucoup de sacrifices pour l’arbitrage, mais en fin de saison dernière en accédant au Haut Niveau je me suis dit que ça en valait le coup!

Quels moyens ont été mis en place pour vous accompagner en ce sens ?

J’ai tout d’abord commencé avec les formations départementales et régionales puis lorsque je suis montée en CF, il y a eu les premiers stages féminins organisés par la fédération. Je pense que ça reste un de mes meilleurs stages Fédéral. Ce stage rempli de bienveillance, d’ouverture d’esprit, de lâcher prise m’a permis de gagner un peu plus de confiance en moi. Il m’a permis d’avoir moins peur du regard des acteurs du fait que je sois une femme.
Puis ensuite il y a eu les stages nationaux d’accession au Haut-Niveau et enfin la fédération m’a permis cet été d’aller sur un stage FIBA féminin en Slovénie. Sur ce stage j’ai pu me rendre compte que nous avons une passion commune mais que chaque pays européen est différent et l’exploite différemment. Cependant nous avons tous un objectif commun : s’épanouir dans cette activité tout en étant au niveau de performance attendue. Sans la promotion de l’arbitrage féminin, je n’aurais certainement pas vécu cette aventure, aventure qui m’a elle aussi permis de beaucoup progresser en tant qu’arbitre mais également en tant que femme.

Quels sont vos prochains objectifs et vos axes de perfectionnement ?

En axe de perfectionnement : se familiariser avec l’arbitrage à 3 que je découvre seulement cette saison.
Pour mes objectifs : à court terme accéder au Haut Niveau Masculin via la NM1. À moyen terme au niveau national : l’évolution vers la Pro B et la Betclic ELITE et pourquoi pas au niveau international la licence FIBA !

Quelle est l’anecdote la plus folle que vous n’avez jamais dévoilée lors d’un match ?

Sur l’un de mes matchs au niveau régional, la salle où nous étions n’était pas munie de vestiaires arbitres (salle de remplacement). J’ai donc dû me changer dans un local à matériel avec une très grande baie vitrée donnant directement sur la salle et sur le terrain.

J’essayais tant bien que mal d’aller vite tout en me cachant pour ne pas que l’on me voit, mais qui dit local à matériel dit ballons… alors que j’étais en train de me changer et très peu habillée un joueur est rentré dans le local pour récupérer des ballons… bref le match n’avait pas commencé qu’il me tardait donc déjà qu’il se termine 😅

 

 

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