Rencontre avec Marion Kellin

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C’est une passionnée de Rugby qui s’investie dans toutes les facette de ce sport. Tantôt joueuse tantôt éducatrice, elle est également présentes sur les terrains comme arbitre, principalement chez les hommes.

Quels sont les enjeux, les difficultés d’une telle fonction ? Marion Kellin réponds à ces questions avec beaucoup d’humour et une incroyable sincérité. Retour sur une jeune maman, experte du sifflet et du ballon ovale.

 

Tous Arbitres : Bonjour Marion. Tout d’abord pouvez-vous nous expliquer comment êtes-vous devenue arbitre ?

Marion Kellin :A l’époque j’étudiais pour devenir professeur de sport au Capès. Au cours de ces études je suis venue au rugby en étant d’abord joueuse au club de Romagnat en division féminine 1.

Plus je jouais et plus je réalisais qu’en tant que joueuse je ne connaissais vraiment les règles qu’à 30/40 %. Je me suis dit que je pourrais devenir une meilleure joueuse si je connaissais les règles à 100%.J’ai donc suivie une formation, et puis un jour un arbitre est partit, j’ai pris sa place.

Etant déjà à l’époque éducatrice sportive et joueuse, j’ai réalisé qu’il me manquait une casquette : celle de l’arbitrage !

 

TA : Votre premier match, quelques souvenirs ?

MK : Ma première expérience restera gravée. J’arbitrais pour la première fois un match de cadet à 12. Il s’avéra que les deux entraineurs étaient des amis et à ma grande  surprise ils se sont permis plein de trucs : ils venaient au centre du terrain pour donner leurs consignes à  leurs joueurs, commenter les mauvaises phases de jeu. Mais j’ai tenu bon !

« Messieurs, vous êtes entraineurs ! Vous retournez dans votre carré !»

Je me souviens encore de leurs mines déconfites, ils étaient bluffés.

 

TA : Vous avez mis du temps à vous adapter à votre nouvelle fonction ?

MK : La première année j’étais pleine de doute. Je n’ai pu sortir un carton que le premier match de ma deuxième saison. Comme quoi, les premiers matchs sont importants.

Travaillant au comité de Rugby d’Auvergne j’étais très souvent en contact avec les dirigeants et entraineurs, alors lorsqu’ils me voyaient arrivé, ils pensaient tout simplement que je venais en tant qu’observatrice. Très surpris  quand je finissais par leur dire : « nan nan je suis l’arbitre du match ! »
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TA : Arbitrer des hommes c’est difficile ?

MK : En fait je pense préférer les arbitrer plutôt que les femmes.

Parfois j’entendais dire : « Une femme, elle n’y connait rien au rugby… »

Au fonds de moi je me disais « Attends mon coco, tu vas voir sur le terrain. »

En avant match je vais parfois voir les équipes. Et quand je leur dit « Attention les gars, les mêlées on les joue de manière règlementaires ! Les petits trucs je les connais, j’ai été première ligne ! »

J’ai rédigé ma thèse sur la mêlée alors je connais un peu. (rires)

 

TA : Quels sont vos projets pour l’avenir ?

MK : Je viens d’accoucher d’une petite fille, donc c’est vrai que j’ai un peu été obligé de mettre mon activité d’arbitre entre parenthèses.

Cependant en novembre dernier j’ai eu mon diplôme fédéral, qui correspond au niveau le plus élevé espéré dans l’arbitrage du rugby. De là j’espère gravir les échelons. En fédéral 3, on est appelé sur des matchs pendant 2 jours,  parfois à 400 km de chez soi. Avec ma fille, ça peut s’avérer difficile.

Mon rêve cependant arbitrer un match du tournoi des 6 nations en rugby féminin. Pas trop en Angleterre ( rires). Mais en Ecosse ou au pays de Galles, ça serait génial !

 

TA : Vous arrive-t-il de douter parfois ?

MK : Oui c’est clair. Dès le moment où je reçois ma désignation je me pose beaucoup de questions : « Est-ce que je vais prendre les bonnes décisions ? » « Est-ce que je vais être assez solide ? » D’ailleurs je ne regarde jamais le classement des équipes que je vais arbitrer.

Les trajets en voitures sont très compliqués : Boule au ventre à l’aller, grosse remise en question au retour.

Je doute et j’accepte mes tords, cela peut paraître pour un défaut mais jusqu’à présent ça m’a beaucoup servi. Ce doute est une force.

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