#

Rencontre avec Ghada ZARRAI, gardienne professionnelle et arbitre de handball « arbitrer par passion, pour aider notre sport »

Nous avons rencontré Ghada ZARRAI qui vient d’obtenir son diplôme d’arbitre de handball. Elle a déjà arbitré des matches officiels au sein de son club mais le 26 mars dernier, elle a été désignée pour la 1ère fois « à l’extérieur ».

Pouvez-vous vous présenter ?

Ghada Zarrai : Je suis gardienne professionnelle au club de Yutz Handball Féminin (Lorraine) depuis 2014. Je suis passée par le centre de formation du club de Fleury Loiret Handball, un club de D1. Je suis internationale tunisienne. Depuis 2008, je fais partie de l’équipe de Tunisie. J’ai participé à quelques championnats du monde et quelques championnats d’Afrique en étant jeune. Et dans la vie de tous les jours, je suis agente immobilière.

 

Qu’est-ce qui vous a amené à devenir arbitre ?

Avec ma partenaire, elle aussi gardienne de Yutz, nous nous sommes lancées le challenge d’entrer dans l’arbitrage. En étant gardienne, on a beaucoup de temps pour observer le jeu : c’est comme si on arbitrait depuis notre zone de buts. On a suivi des formations et passé des examens pour devenir arbitre. Nous avons été reçues toutes les deux. Notre carrière d’arbitre est maintenant lancée.

 

Pourquoi avoir choisi l’arbitrage et pas une autre fonction dans votre sport ?

J’ai déjà mes diplômes d’entraîneuse et je voulais vraiment arbitrer, en match officiel, avec un sifflet et une vraie tenue d’arbitre. La Fédération Française de Handball a mis en place un système permettant d’être joueuse et d’arbitrer selon nos disponibilités. C’est nous qui décidons des dates des matches à arbitrer : c’est souple et plutôt intéressant. Le rôle d’arbitre a été pour nous le plus intéressant. Je garde donc les deux casquettes en jouant à un certain niveau, en N1, et le week-end, on n’hésite pas à arbitrer par passion, pour aider notre sport. Ce sont les valeurs qu’aujourd’hui on veut véhiculer à travers une carrière de joueuse.

 

Est-ce un avantage d’être joueuse et arbitre en même temps ?

C’est vraiment un avantage : en tant qu’arbitre lorsque l’on siffle, on est plus sensible sur la sanction parce qu’on a l’expérience de joueuse. J’ai l’avantage de mieux les connaître. C’est plus facile pour nous de nous mettre à la place des joueuses lorsqu’on est arbitre. On va mieux sentir le jeu parce qu’on a déjà pratiqué le sport.
Le fait de pouvoir être joueuse m’a fait me tourner vers l’arbitrage. C’est dommage de voir des anciennes joueuses qui ont arrêté le handball : elles pourraient continuer dans l’arbitrage. La plus-value d’une joueuse de haut-niveau, c’est vraiment pas mal, on a une vision complètement différente. C’est une vraie valeur ajoutée.

 

Cet avantage est-il quelque chose de primordial ? Sinon, quel est l’élément le plus important pour se lancer dans l’arbitrage ?

Non ce n’est pas primordial. Il suffit juste d’être passionné. Un passionné peut être un bon arbitre. La volonté et la passion permettent de se lancer dans l’arbitrage. Il faut juste le vouloir. Pratiquer ce sport en tant qu’arbitre et la passion, c’est ce qu’on souhaite véhiculer. Un passionné peut être très bon en tant qu’arbitre.

 

« Les valeurs du sport
          prennent le dessus sur les couleurs »

 

Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’arbitre ?

Mon meilleur souvenir c’est une lettre d’excuses d’un président de club à la suite d’un incident avec des parents dans le public. Cette lettre réunissait des excuses par rapport à ce qui c’était passé.

 

S’il y avait une seule chose à retenir de l’arbitrage en termes d’acquis, ce serait quoi ?

La neutralité. J’arbitre pour mon club mais sur le terrain, je n’arbitre pas pour mon club, je ne porte pas le maillot de mon club. Il y a deux équipes et moi je suis neutre entre les deux. Les valeurs du sport prennent le dessus sur les couleurs.

 

Qu’est-ce que vous a apporté l’arbitrage dans votre vie de tous les jours ?

Je comprends mieux les arbitres qui sifflent. Je suis plus dans l’empathie. Il peut y avoir des erreurs, ça arrive, mais maintenant je comprends les arbitres. Dans la vie sportive, l’arbitrage m’a appris le respect de l’arbitre.
Dans ma vie de tous les jours, c’est pareil : le relationnel, les rencontres avec des gens. L’arbitrage m’a permis de faire des rencontres, de croiser des personnes que je n’aurais jamais vues sans l’arbitrage. C’est de l’échange.

 

Pourquoi l’arbitrage est utile au sport ?

Sans arbitre, on ne peut pas jouer, donc pas de match. Il faut toujours quelqu’un de neutre qui est là pour assurer le bon déroulement de la rencontre.

 

Que diriez-vous à un ou une jeune pour le convaincre de se lancer dans l’arbitrage ?

Il ne faut pas avoir peur, il faut se lancer. Il y a de la place pour tout le monde. C’est une pratique difficile dans le sens où on est relativement commenté et critiqué, ce qui peut être un frein à la pratique de l’arbitrage par les jeunes femmes ou les jeunes hommes. Mais il ne faut jamais baisser les bras. Ils doivent continuer à s’impliquer dans ce domaine passionnant et jusqu’au bout assumer le rôle d’arbitre, quoi qu’il arrive. On est tous là pour apprendre, on fait tous des erreurs. Des erreurs, on en a fait, on en fait, et on en fera toujours, que l’on soit joueuses, coachs, arbitres, ou membres du staff, il ne faut pas hésiter.

 

Pour vous, quelles seront les prochaines tendances et les évolutions dans le monde de l’arbitrage en termes de technologies, de règles de jeu ?…

Dans la modernisation du handball, je pense qu’il y aura de la VAR comme au football. On la verra selon les moyens des clubs évidemment. Aujourd’hui, je pense que la VAR est nécessaire. Et dans le jeu, l’arbitrage fera qu’on ira de plus en plus vite, plus de spectacle, plus de fluidité dans le jeu, moins de jeu individualiste, le sport va devenir un spectacle collectif, un show.

 

Le fait d’avoir la VAR pour les arbitres permettra-il aux jeunes de se lancer ?

Oui, je pense. Cela va beaucoup aider, sur des sanctions lourdes à juger notamment. Le logiciel va aider à prendre la décision, à vérifier et questionner un arbitre supplémentaire. Cela peut beaucoup aider notamment dans le jugement des arbitres.

 

Pourquoi les femmes ont-elles un vrai rôle à jouer dans l’arbitrage ?

La femme a sa place dans l’arbitrage comme dans tous les autres domaines. L’arbitrage est une pratique ouverte à tous. Il n’y a pas de sexe, pas de couleur. La femme est égale à un homme et est autant respectée dans l’arbitrage. Il peut même parfois y avoir de belles surprises concernant les femmes. Cela devient normal d’avoir des arbitres femme sur des matchs masculins. C’est de plus en plus courant et c’est top !

To top