Jean-Philippe : Arbitre de Handball et médecin

Quel est votre métier ?

Je m’appelle Jean-Philippe Sommereisen. Je suis né en Alsace il y a près de 52 ans. J’ai rapidement et toujours vécu (y compris actuellement) dans la région Nantaise. J’y ai réalisé mes études de Médecine jusqu’à me « spécialiser » en Médecine d’Urgence. J’ai toujours exercé à l’Hôpital, d’abord comme assistant (CH Cholet-49) et/ou attaché (SAMU du CHU de Nantes-44) puis comme Praticien Hospitalier (CH Cholet-49) en Médecine d’Urgence (incluant l’activité de SAMU/SMUR). Depuis une dizaine d’années, l’activité de Médecine d’Urgence n’est plus mon activité principale car j’ai d’autres fonctions au sein de l’Hôpital. Je suis par ailleurs diplômé de Médecine de catastrophe, de Gestion des crises sanitaires urgentes, Médecin réserviste sanitaire (j’ai fait partie de la première équipe médicale envoyée à St Martin en post ouragan IRMA), Médecin de la ligue de Handball des Pays de la Loire et en cours de validation de diplôme de Médecine du Sport.

Pouvez-vous présenter votre parcours d’arbitre ?

Handballeur avant d’être médecin (plus de 30 années de licence), j’ai un des parcours d’arbitre « old school » assez classique je pense. A savoir, j’ai de fait participé aux obligations d’arbitrage selon une double approche : « morale » (sans arbitre : pas de match et il incombe de participer) et règlementaire (c’est obligatoire et si on n’honore pas ses obligations on pénalise le collectif). Au début, très honnêtement, moins par appétence ou vocation que pour rendre service au club. Puis, progressivement et très en lien avec l’évolution de la structuration de l’arbitrage (formation initiale et continue notamment), un réel goût pour cette activité s’est révélé. J’ai donc continué de participer à honorer les obligations arbitrales du club plus par envie que par contrainte. Ce d’autant plus que toujours joueur par ailleurs (j’ai eu la chance de ne jamais être gravement blessé et obligé d’arrêter), cette activité d’arbitrage au-delà d’être nécessaire et utile pour le club m’a apporté satisfaction et sentiment de complémentarité. J’ai officié au niveau départemental et seulement depuis cette année au niveau régional (moins de contraintes sportives et professionnelles pour assurer d’éventuels déplacements lointains).

Selon vous, quelles sont les valeurs communes que vous rencontrez dans votre métier de soignant et dans votre fonction arbitrale ?

Elles sont probablement plus nombreuses que celles qui me viennent spontanément à l’esprit. J’ai d’ailleurs du mal à les identifier unitairement tant elles me paraissent nécessairement « intriquées », « génériques » et souvent « allant de soi ». Ce d’autant que dans mon cas j’ai le sentiment qu’elles ont souvent correspondues moins directement à des choix d’exercices (j’ai telle ou telle valeur donc je choisi tel ou tel exercice) qu’à des conditions de maintien dans l’exercice (j’exerce et les valeurs partagées me conviennent et je continue, ne me conviennent pas et j’arrête !), même si bien entendu, au final, tout cela est probablement plus compliqué dans le sens « il n’y a pas de hasard » !. Mais s’il faut en citer précisément quelques-unes je citerais la notion de « collectif » (sous entendant collaboration et entraide notamment, et même si cela peut paraitre paradoxal dans la fonction d’arbitre !) et la notion de « service » (dans le sens diffus de « au service de »). Et bien sûr celle de la volonté de meilleures (au sens : aussi bonnes que possible) justice et justesse dans la prise de décision, incluant la capacité de reconnaitre qu’on ne sait pas tout, qu’on ne voit pas tout, qu’on peut se tromper et qu’on se trompe parfois!

Dans le contexte actuel, votre expérience d’arbitre vous aide-t-elle dans votre quotidien de soignant ?

Probablement mais comme toute expérience nourrit de fait ! C’est-à-dire, à l’instar de la question précédente, j’ai du mal à explicitement dire en quoi cela est une aide mais peux peut-être le percevoir diffusément. Et pour être honnête, j’ai le sentiment que c’est plutôt l’inverse : cette nouvelle expérience soignante sera sans doute une aide supplémentaire pour l’arbitre dans le sens qu’elle me permettra sans doute de renforcer quelques postures, notamment sous l’angle de la relativité et de la « sérénité » !

En tant qu’arbitre, dans un contexte où le respect des règles est particulièrement important, auriez-vous un message à faire passer ?

Pour ce qui concerne les règles (unitaires) proprement dites, en ces temps où toute intervention de qui que ce soit devient « parole d’expert », je m’en garde bien !

A contrario, par expérience (mais au risque de passer pour « moralisateur »), je me permets de témoigner d’une réalité valable sur tous les terrains (soignant et arbitral) et qui concerne moins les règles unitaires que l’ensemble des règles que constitue le Règlement (assurant la cohérence d’ensemble): Le temps de l’action, particulièrement en situation de crise, n’est jamais le temps de la remise en cause du règlement, encore moins celui de le braver ! Non qu’il ne soit pas utile d’en débattre et/ou de le faire évoluer mais dans les faits, tenter de le faire « pendant » est la plupart du temps plus perturbateur qu’efficace, voire dangereux !

La mission de service public est un dénominateur commun entre votre activité professionnelle de soignant et votre fonction arbitrale, est ce important pour vous et pourquoi ?

La réponse à cette question est beaucoup plus simple : c’est, dans les faits, non seulement important mais indispensable (en tant que condition de ma participation !). Précisément une question de valeurs ! Ceci même si l’accomplissement de mission de service public, dans le cadre professionnel comme dans le cadre arbitral, n’a pas été l’élément principal de choix d’engagement mais y a indéniablement participé.

Etant entendu que pour ce qui est spécifiquement de mon activité professionnelle je revendique le choix du Service Public (exclusif) pour exercer cette mission !

 

 

 

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