Retour sur le Referee clinic NBA-FFBB avec Eddie Viator, directeur de l’arbitrage Haut Niveau

  • Comment s’est déroulé le colloque « Referee Clinic » et quel a été son intérêt pour les arbitres français ?

Monty McCutchen et Mark Wunderlich étaient déjà venus il y a 2 ans à l’INSEP. Cette année, les deux mêmes sont revenus, en plus de George Toliver. Mark et Monty ont travaillé avec des images de la NBA et ce qui était intéressant c’était qu’ils revisionnaient l’attitude de l’arbitre sur le terrain, son comportement, ce qu’il doit regarder en fonction de son positionnement, comment il doit donner un avantage au jeu plutôt qu’au sifflet… Des conseils ont été donnés de part et d’autre pendant la durée du colloque. George Toliver a quant à lui abordé l’aspect technique de l’arbitrage avec une quarantaine d’arbitres du championnat de France. C’est un arbitre avec beaucoup de calme, on sent qu’il a une véritable expérience sur l’arbitrage en NBA. En France aussi on a des arbitres avec beaucoup d’expérience qui pourraient expliquer ces aspects techniques de l’arbitrage, mais c’est toujours positif d’avoir une vision extérieure avec un arbitre de NBA.

  • Quel est l’intérêt du lien entre la FFBB et le NBA ?

La FFBB et la NBA sont liés par un partenariat qui inclut également la partie technique donc l’arbitrage. C’est un partenariat qui est voué à se développer, à l’image du match du jeudi 19 janvier à Paris entre les Chicago Bulls et les Detroit Pistons, et de la volonté des deux ligues de renouveler l’expérience en 2024. En plus, le commissionnaire de la NBA est convaincu que la France joue un rôle majeur dans l’évolution de la NBA car on est la nation européenne la plus représentée avec 9 joueurs français évoluant en NBA (3ème nation mondiale hors USA après l’Australie et le Canada). L’arbitrage joue aussi son rôle dans cette collaboration. Le fait de faire venir des arbitres de NBA renommés apporte une plus-value à la formation des arbitres français, à la puissance de feu que dégage la FFBB et on sait que nos arbitres sont performants et font de belles carrières. C’est aussi le moyen d’apporter du crédit à l’arbitrage français.

  • Y’a-t-il de vraies différences entre l’arbitrage en France et aux USA ?

Il y a plusieurs différences. Le temps de jeu n’est pas le même, le nombre et le type de fautes sifflées ne sont pas les mêmes. Par exemple, la faute flagrante n’existe pas dans le règlement FIBA alors qu’elle existe aux Etats-Unis. Ce qui était assez paradoxal c’est que lorsque Monty nous a montré des images il a parlé du « marcher ». On sait qu’aux USA le « marcher » est presque inexistant. La règle existe mais le « marcher » n’est presque jamais sifflé. Et là, Monty nous a parlé de « marcher » sur un petit démarrage, ce qui nous a un peu fait sourire. Aux Etats-Unis, l’intensité physique des matchs est différente donc les coups de sifflet sont différents. Les différences assez visibles sont au niveau des charges et des obstructions. Au niveau du demi-cercle de non charge, ce n’est pas tout à fait la même chose. Pour les fautes offensives, c’est à peu près pareil dans les deux arbitrages, si ce n’est que les américains sont un peu plus pointilleux et je trouve qu’ils ont raison. On se rend la tâche plus difficile avec trop de tolérance.
Il y a donc plusieurs différences mais il y a beaucoup de similitudes : l’attitude, le comportement à avoir, la communication à avoir avec les joueurs, avec les entraîneurs, l’expression à avoir sur le terrain. Il y a vraiment des choses qui sont très communes et sur lesquelles on peut facilement échanger.

  • C’est important pour les arbitres français d’appréhender d’autres arbitrages dans leur formation ?

Dès l’instant où on a quelqu’un de l’extérieur qui vient parler d’arbitrage, il y aura forcément une plus-value. C’est comme ça à tous les niveaux. Ça ne veut pas dire que les arbitres français ne sont pas capables d’apprendre d’eux-mêmes ni que la formation française n’est pas bonne, bien au contraire. En revanche c’est toujours positif d’entendre quelque chose de nouveau, de se confronter à d’autres points de vue, car l’apprentissage est permanent. Un arbitre ne cessera jamais d’apprendre quel que soit le niveau qu’il atteint. Parfois juste un petit mot ou une petite phrase peut entraîner une réflexion personnelle sur ce que l’on fait, où ce que l’on ne fait pas, donc il y a toujours quelque chose à récupérer de tout le monde.

  • Peut-on un jour espérer voir un arbitre français en NBA ?

Pourquoi pas. Monty (McCutchen) disait qu’aujourd’hui aux Etats-Unis il y a la place car ils ne se ferment à rien du tout. L’arbitre coréen qui a arbitré la finale des JO (ndlr finale féminine à Rio en 2016) avec moi, Intae Hwang, est là-bas en G-League depuis 2 ou 3 saisons. C’est la preuve que la porte est ouverte pour les arbitres internationaux. Monty expliquait qu’ils allaient de plus en plus ouvrir les portes, notamment aux arbitres européens. Donc pourquoi pas la France car nous sommes certainement le pays le plus proche des USA en terme de collaboration donc il n’est pas impossible de voir un français arbitrer là-bas un jour !

 

 

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