Portrait de Narjice BAAÏJ, arbitre de basket « Je me sens utile à mon sport »

Cette semaine, nous vous proposons de découvrir le portrait de Narjice BAAÏJ, engagée en tant qu’arbitre de basket. Agée de 37 ans, Narjice, a décidé après sa carrière de basketteuse de se lancer dans une carrière d’arbitre. Fonction qu’elle occupe avec tout autant de plaisir et de passion, voire plus : elle se sent utile à son sport.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Narjice Baaï, 37 ans et mère de jumeaux de 4 ans. Je travaille à temps plein en tant que fonctionnaire dans la fonction publique hospitalière. Le basket est grande histoire de famille, mes sœurs étant joueuses et arbitres, j’ai tout naturellement suivi la fratrie. Je pratique le basket depuis l’âge de 6 ans : j’ai tout d’abord été joueuse et je suis par la suite devenue arbitre depuis 25 ans. Je suis arbitre fédérale et il est important pour moi de me perfectionner, avec des stages complets et très enrichissant proposés par la FFBB.

Je viens tout juste d’effectuer un stage national dans les Pyrénées Ariègeoises afin de me former sur le thème des stratégies collectives dans le but d’accéder un jour au niveau national qui sera mon futur objectif.

 

Qu’est-ce qui vous a amené à devenir arbitre ?

J’ai été joueuse et je vivais basket tous les week-ends. Un jour, un dirigeant m’a proposé d’arbitrer, ce que j’ai accepté naturellement. Cela a été un déclic, j’y ai pris goût et j’ai donc continué.

 

Pourquoi avoir choisi l’arbitrage et pas une autre fonction dans votre sport comme le coaching, intégrer un staff technique, devenir intendant etc… ?

J’ai entraîné pendant 3 années des baby-basket, pendant que j’étais arbitre également, ce qui m’a beaucoup plu aussi. Après, il a fallu choisir entre gérer l’arbitrage, les études et le coaching. J’ai opté pour l’arbitrage parce que c’est complètement différent. Je me sentais beaucoup plus à l’aise, j’étais tout simplement plus épanouie.

 

Est-ce un avantage d’avoir été joueuse avant une carrière d’arbitre ?

Complètement. Il nous est conseillé de continuer à jouer en étant arbitre pour garder la lecture du jeu, qui est très importante. C’est un plus d’avoir été joueuse, parce qu’on ressent le jeu, avoir la capacité à mieux comprendre le jeu, anticiper les déplacements des joueurs… Cependant on peut tout à fait devenir arbitre sans avoir été joueur mais avoir une connaissance du jeu en regardant des matches de baskets par exemple.

 

“ S’il n’y a pas d’arbitre,
                 il n’y a pas de match 

 

 

Cet avantage est-il quelque chose de primordial ? Sinon, quel est l’élément le plus important pour se lancer dans l’arbitrage ?

C’est important mais ce n’est pas primordial. Ce qui compte pour se lancer c’est l’envie de gérer des acteurs, d’aimer le basket et d’être passionné. Par exemple, des bénévoles de clubs peuvent tout à fait être arbitres parce qu’ils sont passionnés.

 

Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’arbitre ?

Ce n’est pas d’avoir fait des finales ou autres. C’est lorsque j’étais en duo avec une femme pour un match masculin important et qu’un des coachs est venu nous voir en disant que c’était la première fois qu’il était arbitré par deux femmes et qu’il avait une certaine réticence. A la fin du match, on a réussi à lui faire changer d’avis. Nous étions satisfaites et lui aussi. Ce qui m’a plu, c’est qu’il a avoué s’être trompé. Cela a été une vraie reconnaissance pour nous.

 

S’il y avait une seule chose à retenir de l’arbitrage en termes d’acquis, ce serait quoi ?

Garder son sang-froid en toutes circonstances.

 

Qu’est-ce que vous a apporté l’arbitrage dans votre vie de tous les jours ?

C’est une excellente école de la vie. Cela apporte beaucoup. L’arbitrage m’a apporté de nouvelles capacités qui me servent dans mon quotidien professionnel et ma vie de famille : le langage corporel, l’élocution, la gestion des conflits, des éléments très importants dans la vie de tous les jours.

 

Pourquoi l’arbitrage est utile au sport ?

Déjà, s’il n’y a pas d’arbitre, il n’y a pas de match. Donc l’arbitrage est forcément utile au sport. Un arbitre est un acteur important dans un match. Il est omniprésent sur le terrain. Il contribue à la qualité du spectacle tout comme les joueurs. Il est utile au sport parce qu’il gère des joueurs et des comportements. Tout le monde peut siffler des fautes mais la gestion de joueurs est le plus délicat. Manager des acteurs et faire en sorte que tout se passe bien est plus important que le caractère technique en lui-même. L’arbitrage, c’est de la pédagogie en permanence.

 

Que diriez-vous à un ou une jeune pour le convaincre de se lancer dans l’arbitrage ?

Le meilleur moyen de savoir si ça plait, c’est d’essayer. Il faut prendre le sifflet et y aller. Pour moi, c’est comme ça que ça a fonctionné. Aujourd’hui, dans les clubs il y a beaucoup de choses mises en place pour que, dès le plus jeune âge, on puisse leur expliquer les règles et qu’ils se lancent dans l’arbitrage pour ensuite être la relève de demain.

 

Pour vous, quelles seront les prochaines tendances et les évolutions dans le monde de l’arbitrage ? Plus de technologies, l’évolution des règles du jeu,…?

Je dirais qu’on est malheureusement trop peu de femmes à officier. Donc la féminisation de l’arbitrage peut être sûrement mise en place assez rapidement sur des plus hauts niveaux.

 

Pourquoi l’arbitrage n’est pas une fonction réservée qu’aux hommes ?

Parce que l’on gère déjà tellement de choses si vous saviez. On est sur tous les fronts [RIRE]. Je dirais même pourquoi l’arbitrage n’est pas une fonction réservée uniquement aux femmes ? Mais heureusement que non. On a beaucoup de choses à apporter, c’est une plus-value. Les acteurs sont complètement différents avec une femme plutôt qu’avec un homme. Je ne fais pas de différence entre un homme et une femme parce que la seule chose que les gens veulent, c’est un arbitre compétent. Qu’il soit homme ou femme n’a pas d’importance. Il faut juste que le match se déroule dans de bonnes conditions. Une femme a la même formation qu’un homme. On est tout autant capable de gravir les échelons qu’un homme. Ce n’est pas le genre qui compte, c’est la compétence. Mais c’est vrai que certaines personnes ont des réticences à ce que les femmes soient arbitres : ce qui est bien triste en 2022.

 

 

© Propos recueillis par Enzo Fernandez – Crédit Photo : Marc Franz, Team OffBB Photographers.

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