L’arbitrage du bout du Monde

 
"J’ai retrouvé sur place le groupe d’arbitres rencontrés un an plus tôt, à savoir une majorité de bénévoles qui ont plusieurs casquettes. Le noyau principal du groupe était composé de 8 arbitres, un groupe très hétérogène en termes d’âge, d’activité et de niveau. Un arbitre est estampillé FIBA Océania. D’autres arbitres ont montré des qualités certaines malgré parfois très peu de pratique. La force des arbitres locaux est de savoir résister à l'accumulation des rencontres – et des antécédents – jouées entre les mêmes équipes. Ceci crée des passifs compliquant la tâche des arbitres insulaires.  
Le tournoi Oceania monopolisant les installations sportives et les congés des arbitres, la formation s'est organisée essentiellement autour de ce tournoi.

Le match JS Vallée du Tir vs Excelsior

Cette fois c’est un club tahitien (Excelsior) qui se déplaçait en Nouvelle Calédonie pour ce qui constitue en quelque sorte la finale des championnats français du Pacifique. On se souvient que les Calédoniens avaient perdu l’an passé en terre polynésienne contre l’AS Aoraï. Match à enjeu donc dans la salle de la Jeune Scène remplie pour l’occasion (environ 400 personnes). En tant qu’arbitre, l’objectif principal était que le match se déroule sans encombre, qu’aucune équipe ne soit lésée et que cela soit une vraie fête du basket. Globalement tout s’est bien déroulé et ce match à suspense fut très agréable à arbitrer.
Les Calédoniens de la Vallée du tir, sortis vainqueurs de la confrontation,  seront opposés fin janvier au  Stade de Vanves pour représenter le Pacifique en 32° de finale du Trophée Coupe de France Masculin. L’arbitrage à trois est une pratique habituelle chez les Calédoniens. Ils sont relativement aguerris dans ce domaine bien qu'ils  n'en respectent pas suffisamment tous les principes : trop de doubles (voire triples) coups de sifflets sont en effet à déplorer. Un travail sur la confiance et la responsabilité des zones d'arbitrage doit être effectué. Les arbitres ont montré de l’intérêt pour la vidéo et nous  nous sommes appuyés pour travailler sur les situations qui se sont produites pendant le match.

FIBA Oceania U19

Tous les 4 ans a lieu le tournoi Jeunes FIBA Oceania. Ce tournoi n’est pas seulement une simple compétition de basket. Il fait partie intégrante du développement de notre sport dans cette région du globe et s’inscrit dans un état d’esprit d’éducation, d’aide à l'ensemble des acteurs du basket et de préparation des futurs joueurs et joueuses aspirant à devenir professionnels. Le développement des activités des joueurs, coaches et arbitres est mis en avant au travers des "workouts" et du suivi tout au long de la compétition. Le tournoi a réuni en tout 16 équipes de filles et de garçons avec notamment les Iles de Guam, Tahiti ou le Vanuatu. L’Australie l’a emporté dans les deux catégories.
    Chaque matin des "clinics" étaient organisées pour joueurs, coaches, officiels de table et arbitres. Chacun pouvait donc profiter de l’enseignement de cadres dépêchés pour l’occasion. Des entrainements, cours théoriques et débriefing des journées passées étaient dispensés dans les différentes salles et gymnases.
Durant les matches, les officiels de table de marque était suivis par Judy Smith (zone administration manager) qui s’occupait aussi de la bonne marche logistique du tournoi notamment dans la nouvelle salle de 1.000 places de la Vallée du tir de Nouméa. Pour les arbitres, les deux Australiens Sarah Mottram et Ryan Burns étaient en charge de la formation et du suivi des arbitres tant pour  les désignations que pour  le coaching des officiels pendant les matchs. Tout ceci sous couvert de la validation de Steve Smith, le secrétaire générale de la FIBA Océania.
Pour apporter un suivi optimal j’ai été sollicité pour accompagner les arbitres sur le terrain en tant que coach ou instructeur. Un débriefing était dispensé à la mi-temps si besoin et surtout à la fin du match pour discuter de la prestation arbitrale et du ressenti des acteurs. Pour pallier le manque d’arbitres et à la demande de Steve Smith, afin de couvrir certains matchs "chauds", j’ai officié sur quelques rencontres notamment la finale filles entre la Nouvelle Zélande et l’Australie.
Le constat sur l’ensemble de ma mission est que les arbitres ont besoin de pratique, de communication, de suivi, d’outils et d’un regard extérieur afin qu’ils progressent au mieux. Trois axes de travail principaux peuvent être dégagés : tout d’abord optimiser le travail vidéo puisque pratiquement aucun des arbitres calédoniens ne s’est déjà vu arbitrer. Il est indispensable qu’ils puissent se rendre compte de ce qu’ils dégagent lorsqu’ils se déplacent, jugent et effectuent leur gestuelle. Ce travail spécifique est un gage de progrès sur  la mécanique,  le jugement mais aussi sur la gestuelle et les façons de communiquer. Deuxième axe : s'efforcer pour détacher ses yeux du ballon. Ceci conduit à une meilleure lecture du jeu et un meilleur partage des responsabilités. Enfin, une meilleure communication particulièrement lors de situations spéciales aidera nos arbitres à former une véritable équipe, qui se fait  confiance, échange et se conseille. Autant de pistes de travail pour des progrès en perspective …"

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