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Arbitre sur écoute ! Audrey Gerbel, arbitre de D1 Arkema et internationale, revient sur son match « Fleury-PSG » où elle était « sur écoute »

La Fédération Française de Football a permis à Canal Plus de sonoriser pour la première fois une arbitre, Audrey Gerbel lors d’un match de D1 Arkema. Elle revient pour Tous Arbitres sur cet événement.

Pouvez-vous vous présenter ?

Audrey Gerbel, j’ai 28 ans, je suis arbitre de D1 Arkema et arbitre internationale. J’ai commencé l’arbitrage, il y a 10 ans, je suis devenue arbitre fédérale féminine 2 en 2019 et arbitre fédérale féminine 1 en 2022  puis arbitre internationale en janvier 2023. C’est allé très très vite !

Qu’est-ce que ça fait de se retrouver sur écoute pendant 90 minutes ?

Ça amène une petite appréhension au début parce qu’on ne sait pas trop à quoi s’attendre. Comme c’était la première fois que c’était fait en D1 Arkema, aucune des filles (arbitres) n’avait l’expérience, on ne peut pas poser de questions ni se renseigner. La préparation du match n’est pas la même parce qu’il y a les caméras dans le vestiaire et tout le dispositif à mettre en place avant l’échauffement, donc ça modifie un peu la préparation, mais une fois que le match est lancé, ça ne change absolument rien. 

Avez-vous eu besoin d’un temps d’adaptation pour rester naturelle et spontanée dans vos échanges avec les deux équipes ?

Dans un match comme ça, un derby parisien qui peut être assez tendu et avec de l’enjeu, si on commence à se concentrer sur le micro, on va passer à côté de notre match doncce n’est pas le but. Le but est avant tout d’arbitrer et du coup on oublie très très vite les micros et on arbitre comme d’habitude. 

Cette opération a quand même permis de mettre en valeur votre communication avec les arbitres de touche en permanence. Est-ce que vous voyez l’arbitrage comme un exercice vraiment collectif ? 

C’est un travail d’équipe. On est 3 sur le terrain parfois 4, on a chacune nos tâches spécifiques, et on a aussi des tâches communes. Et si on ne travaille pas en équipe, on ne pourra pas performer correctement, donc on est obligées d’être ensemble et d’avoir une communication quand même assez importante. On a la chance en D1 ARKEMA quela communication soit facilitée grâce aux oreillettes mais l’arbitrage c’est avant tout un travail d’équipe. On ne peut pas venir seule et juste penser qu’on a 2 assistantes pour nous aider de temps en temps sans réellement compter sur elles. C’est impossible, on est obligées d’avoir 100% confiance et de travailler avec elles.

Quel est le meilleur moyen pour faire preuve d’autorité dans un match à enjeu comme lors de Fleury contre le PSG ? 

On va dire que chaque arbitre a un peu sa manière d’appréhender les matchs et de les manager. Il n’y a pas vraiment de recette magique, malheureusement, pour appréhender un match à haut niveau et à enjeu, moi je suis une arbitre qui essaie de beaucoup communiquer avec les joueuses,afin deles garder concernées par le match et pas par les diverses frustrations qu’il peut y avoir. Après, il faut mettre un cadre dès le début, ce qu’on accepte et ce qu’on n’accepte pas, mais après c’est à nous de performer pour bien sûr garder de la crédibilitéauprès des joueuses et préserver leur confiance

Avec la présence de votre micro, avez-vous ressenti moins de protestations de la part des joueuses  ?

J’ai prévenu les capitaines avant le match dans mon vestiaire parce qu’effectivement, elles ont demandé « pourquoi la caméra, pourquoi ce micro ? » donc je les ai informéesafin qu’on soit toutes sur le même pied d’égalité, mais pour moi c’est pareil, les joueuses et les arbitres dans un match comme ça, on n’a pas le temps de penser au micro et là c’est un match à enjeu avec un scénario assez fou (NDA : score final 4-4) et elles ne peuvent pas penser au micro quand elles viennent me voir. C’est la frustration souvent qui va parler en premier. On l’a vu certaines fois où elles courraient vers moi pour venir contester, ça prouve bien qu’elles ne faisaient pas attention au micro. Elles sont comme nous, je pense là-dessus.

La rencontrée s’est soldée par un score fleuve et un scénario incroyable. On dit souvent que pour faire un grand match, il faut deux grandes équipes. Faut-il également un bon arbitre ?

Un match appartient quand même aux joueuses dans un premier temps. Après, bien sûr que l’arbitrage va permettre de favoriser le jeu, mais pour moi, c’est quand même les joueuses qui font le spectacle et qui amènent ce genre de scénario dans un match.

Je ne pense pas avoir eu un quelconque impact sur le scénario assez fou qu’il y a eu pendant ce match. Ce sont vraiment les joueuses qui l’ont amené. Après, bien sûr, il faut que tous les ingrédients soient réunis, que l’arbitrage soit bon, que les équipes proposent du beau jeu pour qu’il y ait un gros match.

Dans ce genre de match, si on cadre tout de suite les petites fautes pour éviter que ça dégénère, forcément le jeu ne sera pas le même. Ensuite, si on laisse beaucoup jouer, on peut s’attendre à voir les grosses fautes qui peuvent amener à des cartons, etc… C’est une question d’ingrédients et de recette, on va dire, après ça fait un bon mix ou pas, ça colle ou pas, mais il faut que tout aille ensemble.

Avez-vous revu le reportage réalisé sur le match ?

Bien évidemment, j’ai regardé et je trouve que c’est une bonne chose, il a été très bien fait. Il donne une belle image de l’arbitrage et montre qu’on est vraiment au service du jeu.

 

© Photos FFF

 

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